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28/06/2013

(Pilote UK) The White Queen : la guerre des Deux-Roses du point de vue des femmes

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Avec la fin du printemps, se sont s'achevées les saisons 3 de Game of Thrones sur HBO, et de The Borgias sur Showtime qui, elle, ne reviendra pas l'année prochaine. Vers quel petit écran allait donc se tourner le sériephile amateur de ces récits moyen-âgeux consacrés aux luttes de pouvoir ? Logiquement, il jetait un regard curieux vers une nouveauté annoncée sur BBC1, programmée également le dimanche soir, à partir du 16 juin 2013 : The White Queen. Constituée de 10 épisodes d'1 heure environ, il s'agit d'une adaptation de la saga littéraire de Philippa Gregory, The Cousin's War.

Destinée à trois chaînes, BBC1 pour l'Angleterre, Starz pour les Etats-Unis et VRT pour la Belgique, la série avait déjà fait parler d'elle avant même sa diffusion lorsqu'avait été révélée l'existence de plusieurs montages différents, Starz n'ayant pas les mêmes quotas et rapports aux scènes de sexe que sa consoeur anglaise. Les téléspectateurs qui souhaiteraient une version moins éditée auront toujours la possibilité d'attendre la diffusion américaine qui interviendra dans le courant de l'été, à partir du 10 août 2013. Malheureusement, ce ne sont pas quelques scènes plus explicites qui effaceront la déception qu'est The White Queen. 

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The White Queen nous plonge dans l'Angleterre de la deuxième partie du XVe siècle, mettant en scène une période troublée connue sous le nom de la Guerre des Deux-Roses. La série débute en 1464 : le conflit entre la Maison d'York et celle de Lancastre a précipité le royaume dans la guerre civile depuis plusieurs années déjà, marqué par la victoire du premier camp. Edouard d'York est devenu Edouard IV, couronné roi grâce aux manoeuvres et au soutien de Lord Warwick (Richard Neville). Ce dernier nourrit de hautes ambitions, mais ses plans vont se heurter à celle qu'Edouard va choisir, sans concertation, pour épouse.

En effet, le jeune roi tombe éperdument amoureux d'Elizabeth Woodville, la veuve d'un partisan Lancastrien, venue obtenir l'héritage dû à ses deux fils issus de ce premier mariage. De manière précipitée, avant de partir au combat, Edouard l'épouse en secret. Une fois le trône définitivement acquis, il confirme publiquement l'existence du mariage, et place Elizabeth en tant que reine à ses côtés. Si cette union est peu appréciée par la famille royale, notamment par la reine mère, l'opposition la plus forte est celle de Lord Warwick qui voit les projets personnels d'alliance qu'il avait envisagés rendus caducs.

The White Queen nous entraîne dans les jeux de pouvoir de la cour d'Angleterre, où les vaincus d'hier n'ont pas dit leur dernier mot et où les loyautés changent au gré des intérêts fluctuants de chacun. Elizabeth a beau pouvoir s'appuyer sur l'amour royal et un sens des alliances maritales très poussé, ce sont des épreuves difficiles qu'elle aura à affronter...

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Sur le papier, le potentiel de The White Queen reposait sur ce mélange pimenté des sentiments et des luttes pour le pouvoir qu'elle se proposait de mettre en scène, avec pour cadre l'Angleterre de la fin du XVe siècle (le tournage ayant cependant eu lieu en Belgique). Malheureusement, à aucun moment au cours de ses deux premiers épisodes, la série ne va faire un instant illusion. Sa mauvaise gestion du point de départ de l'histoire, le coup de foudre entre un roi que d'aucuns qualifient d'usurpateur et une veuve qui n'est pas de haute naissance, est représentative de bien des limites. Le pilote est extrêmement précipité : en moins d'une heure, et quelques brèves rencontres, le téléspectateur voit l'antagonisme politique initial (la famille d'Elizabeth est liée aux Lancastriens) qui les opposait se changer en amour, pour finir par l'union officielle.

Si le mariage a lieu si rapidement, en secret, c'est qu'Edouard ne peut tout simplement pas attendre de coucher avec Elizabeth. Mais cette dernière n'entend pas n'être qu'une énième maîtresse dont ce roi charmeur aurait souillé l'honneur : après avoir manqué d'être violée par ce dernier, elle accepte de bonne grâce de l'épouser. Il y aurait sans doute eu là matière à cultiver une intéressante ambiguïté, entre pouvoir, pragmatisme et sentiments, mais le récit de The White Queen semble prendre un malin plaisir à déjouer tous les espoirs, s'enfermant dans une platitude frustrante. Les producteurs de la série ont eu à se justifier sur l'enchaînement sans transition d'une violence sexuelle à une cérémonie religieuse, expliquant schématiquement, dans The Guardian, "différente époque, différentes moeurs". Seulement, ce qu'ils n'ont pas compris, c'est que le manque de crédibilité de leur récit tient avant tout à la manière artificielle dont tout se déroule : la série est incapable de faire ni ressentir, ni comprendre le lien qui s'est créé entre Edouard et Elizabeth et le choix lourd de conséquence que fera ce dernier en se mariant.

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Suite à ce pilote raté dans la mise en scène du jeu des sentiments, une fois le mariage officialisé, on pouvait cependant se demander si The White Queen allait parvenir à sortir des maladresses de sa phase d'exposition et commencer à exploiter le potentiel de son concept. C'est la raison pour laquelle j'ai regardé le deuxième épisode. Mal m'en a pris. Certes, après l'amour, ce sont bien les confrontations politiques qui se retrouvent au premier plan, avec des complots de cour qui prennent vite forme... Mais l'approche narrative demeure inchangée : tout est pareillement précipité, les années défilant à vive allure sans prendre le temps de construire la moindre tension et ambivalence. Les intrigues suivent des ficelles trop grossières pour être engageantes, finissant par caricaturer ces rapports de pouvoir qui sont pourtant le coeur de l'histoire.

Plus frustrant encore, la série se complaît dans un manichéisme vite agaçant du fait de la simplicité naïve avec laquelle sont traitées des situations pourtant complexes, qui offraient matière à de belles confrontations. La famille d'Elizabeth, quoiqu'en pense cette dernière, n'est pas la dernière à manoeuvrer pour asseoir ses intérêts et son pouvoir. Or le récit est excessivement biaisé, et la candeur initiale d'Elizabeth trop en décalage avec les évènements dépeints, pour que les oppositions entre les différents camps acquièrent une réelle consistance. Les dialogues sonnent creux, et la fin du deuxième épisode achève de confirmer l'incapacité de la série à susciter la moindre émotion, y compris dans la tragédie. Et ce ne sont pas quelques rare scènes rendues assez jubilatoires par la mère d'Elizabeth qui sauveront l'ensemble du marasme fade dans lequel la série s'est embourbée.

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De plus, ce n'est pas sur la forme que la série se rattrapera : le premier adjectif qui m'est venu en tête devant le pilote de The White Queen était "propret". Tout semble sonner faux dans cette mise en scène aux teintes artificielles ; on peine à croire que l'action se déroule au XVe siècle. Certes, la série n'est pas la première à opter pour ce genre d'approche, puisque The Tudors ou The Borgias ont, ces dernière années, misé sur les costumes colorés et les reconstitutions folkloriques, mais cela n'avait pas d'incidence sur l'ambiance générale de la série qui savait happer le téléspectateur. En revanche, The White Queen pousse, elle, la logique à son extrême, obtenant un résultat peu en prise avec le souffle historique attendu.

Enfin, The White Queen bénéficie d'un casting correct, mais où la fadeur des personnages tend à éclipser des acteurs qui ne déméritent pourtant pas. Le couple principal est interprété par Max Irons (The Runaway) et la suédoise Rebecca Ferguson qui apporte une fraîcheur appréciable à l'écran. On retrouve aussi quelques habitués des fictions costumées, à l'image de James Frain (The Tudors), David Oakes (The Borgias), voire Amanda Hale (The Crimson Petal and the White, Ripper Street). Parmi la riche galerie d'acteurs, on croise également Aneurin Barnard, Faye Marsay, Tom McKay (Hatfields & McCoys), Ben Lamb, Eleanor Tomlinson, Caroline Goodall (Mrs Biggs), Juliet Aubrey (Primeval) et Rupert Graves (Single Father, Garrow's Law, Sherlock). Dans ces deux premiers épisodes, celle qui tire le mieux son épingle du jeu, bénéficiant de quelques répliques bien senties, est sans conteste Janet McTeer (The Governor, Five Days, Damages, Parade's End).

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Bilan : En dépit d'un concept initial prometteur, The White Queen s'apparente à une sorte de livre dont les pages en papier glacé seraient tournées trop rapidement pour pouvoir construire un récit solide, cohérent et engageant. En dehors de quelques trop rares fulgurances, tout sonne creux et artificiel dans cette narration où les intrigues suivent des ficelles souvent grossières. Forçant les traits, coupable d'une simplification baclée de ses enjeux, la série flirte avec la caricature sans épaisseur des jeux de pouvoir moyen-âgeux. Loin des ambitions affichées, The White Queen échoue ainsi dans les ressorts les plus basiques des fresques historiques. Le téléspectateur reste à la porte, observateur distant, vite ennuyé...


NOTE : 5/10


Le générique de la série :

La bande-annonce de la série :


13/01/2012

(UK) Sherlock, saison 2, épisode 2 : The Hounds of Baskerville

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L'avantage de la brièveté des saisons comportant seulement trois épisodes, c'est que cela confère à chaque aventure une saveur particulière qu'il faut prendre le temps d'apprécier à sa juste valeur. L'inconvénient, c'est que la saison 2 de Sherlock se clôture déjà dimanche soir prochain sur BBC1 et qu'il faudra bientôt se résoudre à se contenter de l'intégrale en DVD pour sevrer notre accoutumance Sherlockienne.

Ce deuxième épisode de la saison ambitionnait d'adapter une des affaires les plus connues - si ce n'est la plus connue - du détective créé par Sir Arthur Conan Doyle, The Hound of Baskerville (Le chien des Baskerville en version française). C'est à Mark Gatiss, co-créateur de Sherlock aux côtés de Steven Moffat, qu'a été confié le soin d'adapter cette histoire familière. Si, comme durant la première saison, ce deuxième épisode se situe un peu en retrait par rapport à la flamboyance du premier, il n'en demeure pas moins jubilatoire et enthousiasmant comme Sherlock nous a habitué.

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The Hounds of Baskerville s'ouvre sur un Sherlock Holmes encore plus agité qu'à l'accoutumée en raison d'un sevrage de cigarettes. Il attend avec anxiété une nouvelle enquête digne de lui. Si les sollicitations via son site web l'exaspèrent par leur futilité, il en va autrement lorsque Henry Knight passe la porte du 221B Bakerstreet. Le jeune homme vient lui parler de l'ancien traumatisme qui le poursuit depuis son enfance : il a vu son père tué sous ses yeux, déchiqueté par ce qu'il estime être une gigantesque créature aux yeux rouges. Depuis, ces souvenirs ne cessent de le hanter, tandis que dans la région où il vit, son histoire sert plutôt d'argument touristique.

La curiosité de Sherlock est piquée par la présentation, et surtout le vocabulaire choisi par Henry pour relater les évènements. Son intérêt est d'autant plus éveillé lorsqu'il apprend qu'à côté de Baskerville existe un site militaire dans le laboratoire duquel des expériences sont menées sur des animaux. L'affaire entraîne donc Sherlock et John loin de Londres, dans la campagne du Dartmoor, où Lestrade viendra les rejoindre, tandis que l'aide indirecte de Mycroft - ou du moins de son pass de sécurité - sera également requise pour percer le mystère de Dewer's Hollow.

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Adapter The Hound of Baskerville était un challenge à plus d'un titre. Mark Gatiss opte pour un mélange des genres judicieux. Pour exploiter l'idée qu'une créature rôde peut-être dans les parages de Baskerville, l'épisode emprunte en parallèle deux voies toutes aussi prenantes. D'une part, l'intervention de l'armée et de possibles expériences scientifiques conduites dans les laboratoires proches esquissent un argument rationnel pouvant aller jusqu'à fonder les inquiétudes des plus sceptiques. D'autre part, l'histoire flirte avec des éléments tendant vers l'horreur et le fantastique en nous faisant rôder la nuit tombée dans les sombres bois du Dartmoor, et partager les frayeurs de Henry Knight.

Par sa construction, The Hounds of Baskerville est une aventure plus linéaire et posée que le tellement volatile A Scandal in Belgravia. Le scénario y est moins dense, plus prévisible aussi, le téléspectateur anticipant l'orientation de l'histoire. Si la résolution même de l'intrigue cède à certaines facilités critiquables, l'épisode n'en est pas moins conduit sur un rythme enlevé - une des marques de la série - avec une maîtrise narrative à saluer. Une partie de son attrait tient à son atmosphère particulièrement sombre : Mark Gatiss n'a pas son pareil pour exploiter ce cadre isolé loin de la ville et jouer sur un registre plus suggestif, distillant une tension appréciable tout au long de l'aventure.

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De plus, l'intérêt de cette ambiance inquiétante, c'est qu'elle vient faire vaciller quelque peu nos héros, déstabilisant un instant Sherlock, et permettant d'éclairer la dynamique du duo qu'il forme avec John. Dans la droite lignée de la série, The Hounds of Baskerville maîtrise l'art de ciseler ses dialogues comme peu de fictions. Prenant le temps d'explorer les rapports de ces deux personnages phares, l'épisode recelle de passages qui sont de véritables bijoux riches en réparties jubilatoires, qu'il s'agisse de moments de tension ou des instants où ils retrouvent leur complicité. Au-delà du rire qui ne peut que fleurir aux lèvres du téléspectateur assistant à des excuses formulées avec une diplomatie et une maladresse relationnelles toute Sherlockienne, ce sont les fondements d'une amitié que l'épisode rappelle avec une justesse rare.

Enfin une partie du charme de The Hounds of Baskerville tient tout simplement au dépaysement qu'il procure en s'éclipsant exceptionnellement de la capitale anglaise. Et l'escapade champêtre offerte par le Dartmoor, ainsi que l'atmosphère particulière qui règne durant l'épisode, n'auraient sans doute pas eu la même saveur sans le travail de Paul McGuigan, qui aura réalisé les deux premiers épisodes de cette saison 2 de Sherlock. La photographie est superbe, la mise en scène déborde d'inventivité : un vrai plaisir pour les yeux ! Et puis, du côté du casting, je pourrais me perdre une nouvelle fois en superlatifs pour qualifier les prestations de Benedict Cumberbatch et de Martin Freeman dont la complicité transparaît vraiment à l'écran. Quant au guest-star de l'épisode, le toujours attachant Russell Tovey, quoique restant logiquement en retrait, il prouve, comme souvent, qu'il n'a pas son pareil pour susciter l'empathie du téléspectateur.

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Bilan : Sans atteindre la perfection (trop?) flamboyante du premier épisode, The Hounds of Baskerville sait habilement tirer parti de toutes les facettes de l'aventure prenante proposée : l'idée qu'une créature puisse errer dans ce coin de campagne anglaise mêle en effet secrets scientifico-militaires et horreur pour un cocktail au parfum inquiétant. Si la résolution de l'intrigue ne sera pas complètement satisfaisante, Sherlock reste fidèle à elle-même avec son rythme enlevé et ses répliques jubilatoires, saisissant l'occasion de cette escapade loin de Londres pour explorer un peu plus cette étrange amitié qui unit Sherlock et John. A savourer !


NOTE : 8,75/10


La bande-annonce de l'épisode :


03/01/2012

(UK) Sherlock, saison 2, épisode 1 : A Scandal in Belgravia

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Pour commencer l'année de la meilleure des façons, BBC1 proposait dimanche soir un bien beau cadeau pour conclure les fêtes, avec le retour du détective qu'elle a fait revivre dans le courant de l'été 2010 : Sherlock Holmes. Cette deuxième saison longtemps attendue - coincée entre l'agenda surchargé de Steven Moffat et le tournage à l'autre bout du monde de The Hobbit - porte logiquement de hautes espérances tant la première avait agréablement surpris et marqué.

La dernière fois que j'ai évoqué Sherlock sur ce blog, c'était à la fin du mois de juillet 2010. Le pilote venait d'être diffusé dans la torpeur estivale, j'étais complètement sous le charme et ma review croulait sous les superlatifs. Un an et demi plus tard, au milieu de l'hiver cette fois, ce premier épisode de la saison 2 a suscité chez moi un enthousiasme similaire. Si bien que je ne résiste pas à l'envie de vous en parler.

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A Scandal in Belgravia débute logiquement par la résolution du cliffhanger sur lequel la série nous avait laissé il y a deux ans. Cette première confrontation directe avec l'extravagant et versatile Moriarty, pendant criminel de Sherlock, n'aura pas été de tout repos pour nos deux héros, mais l'humeur changeante de leur ennemi leur aura permis de se sortir de ce mauvais pas en évitant tout drame. La suite de l'épisode est l'occasion de nous réintroduire dans le quotidien de Sherlock Holmes, dont la popularité et la reconnaissance grandissent grâce au blog tenu par John Watson qui y détaille les affaires élucidées (ou non) à ses lecteurs.

C'est Mycroft qui va, une nouvelle fois, venir solliciter son frère et propulser notre duo dans l'aventure de l'épisode. Holmes et Watson sont en effet convoqués à rien moins que Buckingham Palace pour se voir confier la mission de récupérer des photos compromettantes prises par une femme fatale du nom d'Irene Adler. Mais l'affaire se révèle rapidement bien plus complexe qu'une simple histoire de moeurs et de chantage, et lorsqu'elle se change en une question de sécurité nationale, cette partie d'échecs prend un tournant fort dangereux...

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A Scandal in Belgravia renoue avec le souffle et l'élan jubilatoire de A study in pink qui avait ouvert la première saison. L'écriture y est très dense, toujours extrêmement rythmée. L'histoire, volontairement complexe, multiplie les ruptures de rythme et autres retournements de situation. A tout moment, on a l'impression que le scénariste pourrait perdre le contrôle de ce récit construit en escaliers dont on ne sait trop où il nous conduit, si ce n'est qu'il nous y conduit vite et de manière fort savoureuse. Mais Steven Moffat maîtrise parfaitement son sujet. Cette surenchère d'effets narratifs reste jusqu'au bout un vrai délice à l'écran et se conclut par un ultime twist où perce une pointe de démesure qui lui permet de s'inscrire parfaitement dans la continuité de l'épisode.

La richesse de l'épisode doit beaucoup à sa tonalité tonalité aussi enlevée que versatile. A Scandal in Belgravia peut ainsi se permettre de commencer en dépeignant la monotone routine de notre duo de détectives, avec un Sherlock rongé par l'ennui, pour se changer ensuite en affaire de moeurs tout aussi banale mais avec un employeur prestigieux. Puis, peu à peu, elle se complexifie pour introduire de nouveaux enjeux autrement plus importants, liés à des actes de terrorisme, et faisant intervenir les services secrets mais aussi la figure de Moriarty en arrière-plan qui tire dans l'ombre certaines obscures ficelles. L'ensemble est construit comme un toutélié distendu, multipliant les faux-semblants ; si on y perd parfois le fil, on se laisse toujours emporter avec enthousiasme dans cette affaire.

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Au-delà de son histoire prenante, A Scandal in Belgravia doit beaucoup à la caractérisation de ses personnages, et à la dynamique d'ensemble qui marque leurs relations. L'entourage qui gravite autour de Sherlock éclaire les différentes facettes de ce personnage central, l'épisode réservant son lot de passages marquants : la complicité avec Mrs Hudson, les échanges toujours provocateurs et fraternels avec Mycroft... Et puis, bien entendu, le plus important, John Watson, flegmatique et posé, qui incarne le pendant parfait à l'hyperactivité de Sherlock. Tous ces rapports sont mis en valeur grâce à des dialogues admirablement ciselés, riches en tirades inspirées, mais aussi en réparties qui font toujours mouche.

Outre ces soutiens traditionnels, A Scandal in Belgravia introduit face à Sherlock Holmes une figure féminine qui est un adversaire de choix. Si la série fait d'elle une dominatrix qui semble cette fois s'être attaquée à plus forte qu'elle, Irene Adler vient surtout brouiller la distribution des rôles, et se glisser avec assurance dans le quotidien bien agencé de notre détective. Elle est "LA femme", celle qui trouble notre détective, sans que l'on sache précisément qui manipule vraiment qui dans les joutes verbales constantes auxquelles se livrent Irene et Sherlock. L'ambiguïté du personnage rend ses rapports avec le détective assez fascinants, la confrontation se changeant peu à peu en une complicité où chacun a conscience que l'un des deux se brûlera fatalement les ailes tant leurs intérêts divergent. Pour incarner une telle opposante, Laura Pulver est superbe à l'écran.

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Bilan : Bénéficiant d'une écriture enlevée, marquée par des dialogues savoureux et une histoire complexe où les retournements de situation sont incessants, A Scandal in Belgravia est une aventure vraiment jubilatoire et captivante. Portée par une dynamique exaltante, elle marque un retour en très grande forme de Sherlock. Le téléspectateur prend un plaisir rare à suivre cette surenchère narrative maîtrisée, l'heure et demie passant sans s'en rendre compte. En résumé, c'est une bien belle façon de commencer l'année 2012 !

Dimanche prochain, Sherlock adapte un des récits les plus célèbres du détective, Le chien des Baskerville.


NOTE : 9/10


La bande-annonce de l'épisode :

17/12/2011

(UK) Garrow's Law, saison 3 : un legal drama toujours aussi passionnant

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Parmi les rendez-vous sériephiles auxquels je tiens tout particulièrement devant le petit écran anglais, pour accompagner les fins d'automne, Garrow's Law s'est peu à peu taillée une place de choix. Certes le mélange de legal et de period drama a trouvé en moi une téléspectatrice pré-conquise à ce cocktail des genres. Mais il faut également saluer le soin avec lequel les scénaristes ont entrepris d'exploiter ce récit romancé de la vie d'un juriste anglais de la fin du XVIIIe siècle. Par ailleurs, les saisons de Garrow's Law ont également pour elles d'être toujours très courtes : quatre épisodes, ce qui permet d'aller à l'essentiel et de ne jamais risquer de lasser le téléspectateur. Suivant le même schéma que les précédentes, BBC1 a donc diffusé les dimanche soirs, du 13 novembre au 4 décembre 2011, la troisième saison de cette toujours intéressante série.

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La grande force de Garrow's Law, sa marque de fabrique, reste de savoir habilement mêler le drame judiciaire et des enjeux plus personnels. Le premier volet donne à la série l'occasion d'exploiter pleinement son cadre historique : les affaires traitées par William Garrow entendent toujours représenter une époque, avec ses moeurs et sa justice. Dans ce registre, la saison 3 s'inscrit dans la droite lignée des précédentes, abordant une nouvelle fois des sujets très diversifiés : certains sont lointains, comme les abus d'autorité et des dérives dans des lointaines colonies, d'autres touchent plus directement Londres et l'évolution du pays.

Je demeure toujours admirative devant la façon dont la série parvient à connecter ses cas d'espèce très particuliers à des problématiques plus générales du temps, offrant plusieurs niveaux de lecture. Ainsi, la tentative d'assassinat sur le roi sera une occasion de s'interroger sur la définition de l'irresponsabilité pénale en cas de trouble mental. De même, une presque banale affaire de meurtre permettra de nous plonger dans les coulisses létales de la politique, de ses oppositions, et la manière brutale dont les élections pouvaient être menées. Autant de thèmes très différents qui permettent d'affiner et de préciser ce tableau dense et riche, toujours passionnant, de l'Angleterrre de cette fin du XVIIIe siècle.

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Parallèlement, Garrow's Law est aussi une série qui cherche à nous investir émotionnellement aux côtés de ses personnages. La saison 3 s'inscrit dans la continuité de la précédente, toujours centrée sur les rapports tumultueux de Lady Sarah et de son époux, alors même que la jeune femme s'est désormais officiellement installée chez William Garrow. Réussir à échapper à une condamnation infamante à des dommages et intérêts qui auraient été exorbitants n'a cependant pas apporté le bonheur au jeune couple : en effet, le fils de Sarah, Samuel, reste entre les mains de son mari.

Si la saison 2 avait déjà permis d'établir le déséquilibre des droits existant au sein d'un couple, cette fois-ci, c'est en adoptant le point de vue d'une mère dévastée par cette perte que la série explore un peu plus le droit de la famille de l'époque. Arthur Hill, toujours piqué dans son honneur, s'enferme dans cette caricature de vilain, trop manichéenne pour être pleinement crédible, que seul l'ultime twist final permettra de nuancer opportunément. Si la détresse de Sarah aura été bien traitée, il est à souhaiter que l'alliance concluant la saison aura définitivement scellée la fin de la vendetta obsessionnelle d'Arthur Hill. C'est une page qui aura peut-être mis un peu trop de temps à se tourner, mais qui doit désormais l'être (si saison 4 il y a).

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Au-delà des combats de William Garrow, des épreuves de Lady Sarah, c'est une autre lutte, plus intime, qui aura marqué cette saison 3 : celle que va mener Southouse contre la maladie qui le condamne inexorablement. Plus que jamais, ce dernier se sera imposé auprès de ses jeunes amis comme la figure du mentor et du conseiller bienveillant, les soutenant autant qu'il pouvait dans leurs démarches, jusqu'à apporter à Sarah une aide financière importante.

L'épisode de sa mort, le troisième de la saison, est sans conteste le plus déchirant et triste proposé par la série depuis ses débuts. Southouse aura connu une fin à la hauteur de son personnage, avec une lente déchéance physique éprouvante qui aura fait souffrir le coeur du téléspectateur. Tout en saluant son rôle, cela permet dans le même temps à la série de faire évoluer la dynamique de travail de William Garrow. Privé de la figure tutélaire qui l'a guidé depuis ses débuts, c'est avec un nouvel associé qu'il aborde le dernier cas : le neveu de Southouse, un jeune homme certes très débrouillard mais qui n'a pas l'influence que pouvait avoir son oncle sur l'avocat. 

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Bilan : Toujours très plaisante à suivre, bénéficiant d'une richesse dans les thématiques abordées qui demeure inchangée, Garrow's Law aura proposé une troisième saison à la hauteur des attentes, conservant son équilibre aussi fragile que précieux entre legal et period drama. Pour autant, si une saison 4 devait voir le jour, il pourrait être opportun de voir la série évoluer, cette saison ayant d'ailleurs posé des bases intéressantes pour l'avenir, au-delà même de la perte de Southouse, en introduisant dans son quatrième épisode des enjeux politiques très concrets qui dépassent le seul cadre du tribunal... Pourquoi ne pas poursuivre ainsi la route du biopic de William Garrow au-delà de sa seule carrière de barrister ? A suivre donc (en croisant les doigts).


NOTE : 7,75/10


Le générique :


Une bande-annonce de la saison 3 :

06/11/2011

(UK) Garrow's Law, saison 2 : un enthousiasmant legal drama historique

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Dans une semaine, le dimanche 13 novembre signera le retour de la série que j'attends le plus durant ce mois de novembre : la troisième saison de Garrow's Law. Sitôt la nouvelle officialisée, il y a quelques jours, j'ai été prise d'une brusque envie de revoir la précédente saison. C'était une de ces pulsions sériephiles qui vous happe en dépit du bon sens, alors que vous avez bien trop de choses en retard à regarder, et à laquelle il est impossible de résister.

Quatre épisodes plus tard (l'avantage des pulsions sériephiles anglaises est qu'elles restent souvent "raisonnables" par leur brièveté), la bonne impression que j'en avais gardée n'a été que confirmée par ce nouveau visionnage. En novembre de l'année dernière, j'avais rédigé un article après le premier épisode de la saison 2 sous forme de quasi-playdoyer, mais je n'avais pas pris le temps d'y revenir en fin de saison. Comme tout vient à point qui sait attendre, c'est donc pour introduire la nouvelle saison que je rappelle à votre bon souvenir cette saison 2.

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Après une première saison qui avait permis à Garrow's Law de trouver progressivement ses marques dans l'entre-deux genres que la série ambitionnait d'investir, mêlant legal drama et period drama, cette deuxième saison lui a permis de pleinement exploiter le potentiel entrevu. Non seulement, elle a su faire preuve d'une maîtrise égale pour mettre en scène son volet judiciaire, mais elle l'a complété d'un volet humain souvent touchant, en explorant plus avant les personnages. Elle a ainsi proposé une suite de quatre épisodes particulièrement aboutie, où aux affaires jugées à Old Bailey s'est greffé un fil rouge plus personnel impliquant les principaux protagonistes. De qualité constante, elle a su profiter de son format court qui, non seulement lui permet d'éviter l'écueil de toute répétition ou lassitude, mais justifie aussi le soin particulier accordé à chacune des histoires traitées.

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Dans la continuité de ce qui faisait la force de sa première saison, il est tout d'abord un point sur lequel Garrow's Law est restée fidèle à elle-même : c'est la rigueur avec laquelle elle traite de ses affaires judiciaires. S'inspirant des archives du tribunal de Old Bailey, elle a toujours apporté un réel soin à la reconstitution historique des procès dans lesquels William Garrow intervient. Nous plongeant dans cette cour, où la publicité des instances les transforment souvent en un théâtre d'expression de l'opinion publique, la série capture à merveille l'atmosphère fébrile et tendue qui y règne. Les cas évoqués sont toujours très diversifiés, comme le montre une nouvelle la saison 2 (vol, qualité de l'esclave, corruption au sein de la marine, adultère, sodomie), ce qui permet de balayer de manière complète le droit de l'époque, mais aussi d'apporter un éclairage passionnant sur les moeurs sociales et judiciaires.

Ces jugements restent en effet le reflet de la société londonienne du XVIIIe siècle. Non seulement, ils soulèvent des questions propres à l'époque, notamment l'inégalité d'une justice prompte à juger en fonction du statut social, mais ils éclairent également les rouages d'un système judiciaire encore bien éloigné des principes aujourd'hui consacrés - au moins théoriquement. Comment ne pas être frappé par la disproportion ou par l'absence d'individualisation de certaines peines infligées, qui ne prennent en compte ni les circonstances, ni la personne de l'accusé ? Garrow's Law est une rareté au sein des séries judiciaires actuelles : elle a le mérite de revenir à une époque de genèse de notre droit - notamment pénal - moderne, permettant de prendre conscience du chemin parcouru. Le combat de William Garrow, notamment pour affirmer les droits de la défense avec son utilisation du contre-interrogatoire, représente des balbutiements qui tendent vers un changement plus profond. En formulant distinctement des problématiques judiciaires fondamentales, la série rappelle que ce système reste le fruit d'un constant mouvement de balancier, arbitrage fragile entre les droits individuels des parties, mais aussi l'intérêt collectif de la société, et replace ainsi au coeur des enjeux les acteurs mêmes du procès.

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Au-delà de cette approche propre à un legal drama se déroulant au XVIIIe siècle qui fait la particularité de Garrow's Law, la réelle valeur ajoutée de cette deuxième saison aura été le développement de la dimension humaine de la série. Si la première avait su par intermittence amorcer l'exploration de certains des personnages, ces quatre épisodes auront permis un approfondissement des relations qu'ils ont nouées. Les portraits des différents protagonistes y gagnent en nuances, et en épaisseur. Ainsi, au sein même du tribunal, les rapports professionnels, conflictuels ou concurrentiels, que William Garrow peut entretenir avec son rival de toujours, Silvester, ou encore avec le juge Buller, laisseront place, lorsque cela sera nécessaire, à une forme de solidarité, mue par le respect réciproque que peuvent nourrir ces juristes qui n'en demeurent pas moins des hommes avec des principes, derrière le masque qu'ils arborent durant les procès.

Cependant la relation au centre de cette saison, celle qui va constituer le fil rouge à la fois personnel et judiciaire, reste bien entendu celle de Lady Sarah et de William Garrow. Si la storyline se développe au détriment de Sir Arthur, lequel s'enferme dans une jalousie paranoïaque excessive, elle a l'indéniable mérite de permettre d'éclairer la nature, mais aussi la force, des sentiments qui unissent les deux jeunes gens. Les épreuves que ces derniers doivent affronter au fil de la saison, devant faire face à une menace de ruine morale et financière, servent de révélateur pour chacun d'eux. Le refus de transiger de Sarah, qui n'acceptera pas de sacrifier William pour la possibilité de revoir son fils, sera une décision particulièrement forte. Quant à la lente descente aux enfers de l'avocat, prenant peu à peu conscience de la fragilité de sa situation et de ce qu'il risque, elle jette un autre éclairage sur un personnage jusqu'alors redresseur de torts inflexible et souvent trop sûr de son bon droit. La remise en cause qu'entraîne le procès atypique qui conclut la saison humanise considérablement William Garrow, et fortifie l'attachement que peut éprouver le téléspectateur à l'égard de la série.  

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Bilan : De qualité constante, construite de manière plus ambitieuse et aboutie, la saison 2 de Garrow's Law aura été une double réussite. Non seulement la série a su confirmer son admirable maîtrise dans son volet judiciaire et historique toujours particulièrement passionnant, mais elle a également pris le temps d'approfondir une assise humaine permettant d'impliquer émotionnellement le téléspectateur aux côtés des différents protagonistes, et plus particulièrement de William Garrow. Cette saison 2 a donc été un ensemble très consistant que j'ai suivi avec beaucoup de plaisir.

Rendez-vous la semaine prochaine pour la saison 3 !


NOTE : 8/10


Le générique de la série :


Une des scènes marquantes de la saison (épisode 4) :